Questions à Rebrousse-poil, et le Phalanger en Chocolat Mastro Titta
12 Luglio 2024
Marco Tosatti
Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, Mastro Titta entre avec son style caustique dans le débat du jour, celui sur l’excommunication imposée à Monseigneur Viganò. Merci a L.L. pour la traduction. Bonne lecture et bon partage.
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MASTRO TITTA : QUESTIONS À REBROUSSE-POIL
“Bonjour, je suis un phalanger volant en chocolat*. Puisque je suis un phalanger en chocolat, cette chose douce et brune que je vois dans mon bol ne peut être que du chocolat. En fait, on m’appelle un phalanger en chocolat parce que je mange du chocolat”.
C’est l’effet qu’ont eu sur moi les arguments de Zenone sur l’affaire Viganò (Zenone sull’affare Viganò), ainsi que ceux de l’excellente Scrosati (quelle dell’ottima Scrosati) : puisque le catholique ne peut pas être tel sans le pape, alors n’importe quelle borne qui sort d’un conclave est le pape et surtout il est catholique, donc nous pouvons nous dire catholiques nous aussi. Ou phalangers, tellement c’est la même chose.
Je me sens phalanger, mais si quelqu’un se sent catholique cum Bergolio et sub Bergolio, c’est parfait : nous tolérons largement que Vladimiro Guadagno se ressente comme Vladimir Luxuria ou que Draghi se sente comme le Meilleur, ce n’est pas un problème que Bergoglio se sente pape, ou soit perçu comme tel.
Le triple piqué de Zenone avec tapioco thérapie et évasion à gauche n’est pas sorti du sac de Zenone, qui se différencie obséquieusement de Viganò et se livre à des insultes tel un camelot quand il s’agit de Cionci : Zenone juge Bergoglio selon des critères qui remontent peut-être à Pie XII, si ce n’est avant. Le habemus papam purchessiam remonte au fait que le Christ est tombé sur le parking de l’autogrill Jupiter Est et nous sommes à Casalpusterlengo, et donc il n’y a pas grand-chose à faire si ce n’est répéter des évidences sans charité, comme une cymbale qui résonne.
Zenone, et pas seulement lui, se sent obligé de par sa culture et son histoire personnelles d’établir une objectivité en vertu de laquelle Bergoglio est pape et Viganò un pasteur errant de l’Asie qui parle à la lune. Le problème est que Bergoglio n’a pas d’histoire ni de culture personnelle, mais plutôt le culte de soi. Un de mes professeurs de grec vaguement sociopathe avait l’habitude de dire : où allez-vous ? Ce sont des oignons. Combien au kilo ? Je vais à Florence. Nous sommes le Saturday Night Live de François : il nous observe et rit à gorge déployée.
La logique de Zenone s’appelle tautologie, ou logique circulaire si vous préférez. Des affirmations en forme de lapalissade du style “ou bien tu es vivant, ou bien tu es mort”. Puisque nous sommes catholiques et que les catholiques ont besoin du pape, alors Bergoglio est le pape. Le problème est que si Bergoglio est le pape, aucune des critiques formulées à son encontre n’est substantielle. Elles ne parlent de rien, parce qu’un pape ne doit pas se soucier du pueblo devidido : seul le mandat du Christ doit le gouverner. Bergoglio s’en moque, conduit par la main par la pensée d’autres, qui plus est apparentés.
Si Viganò ne tient pas compte de l’autorité de Bergoglio, il est un hérétique schismatique. En fait, le tribunal a condamné Monseigneur pour le crime de schisme en l’excommuniant : c’est tout, votre horreur. Je ne veux pas dire par là que j’approuve Viganò : on peut le critiquer et même prendre ses distances, mais pointer du doigt la paille en ignorant la poutre, c’est carrément autre chose.
De même que la Signature rejettera sans coup férir le minable Cionci, coupable d’avoir soumis à ce tribunal une requête sur l’invalidité de la démission de Benoît XXVI pour cause de siège empêché, cas spécifique prévu par le droit canon, mais il faudrait faire encercler le Vatican par la Wehrmacht pour apprendre des années plus tard que ce malheur puisse exister. Pour moins que cela, le phalanger ne s’envole pas de l’arbre. Si l’on peut estimer Viganò, on peut estimer l’œuvre de Cionci qui, le premier, a tenté de soulever une question énorme, impensable dans la modernité feutrée qui nous enveloppe. Il ne faut pas le prendre pour de l’or en barre, mais apprécier l’effort et le passer au crible. Rien à faire.
On dira : ce sont deux cas complètement différents, et puis les deux personnages ne peuvent pas se supporter. Selon la vulgate, le premier est un schismatique colérique qui voit des complots partout, le second un fou furieux qui a écrit un livre de science-fiction – mal fait d’ailleurs, il n’y a même pas Maître Yoda dedans. Voilà l’erreur manifeste perçue, comme la chaleur en cet été caniculaire à 19 degrés.
Et peu importe. On peut tout dire de Bergoglio, sauf qu’il ne serait pas le pape. Et pourtant, je me souviens très bien des solons qui pontifiaient immédiatement après la démission de BXVI : il faudra des années et des années d’étude pour comprendre et approfondir ce qui s’est passé. Mais quelles années, mais quelles études : il a suffi qu’un type apparaisse à la tribune le 13 mars 2013 pour oublier à la fois les années et l’étude. Bonsoir, bon appétit, je viens de l’Apocalypse, et Zenone se tait. Quelques critiques, quelques protestations ponctuelles, puis Tony Soprano t’appelle, et te voilà tout enrobé de sauce.
Au commencement, il y eut l’ineffable Socci, ramené à la raison papale lorsque, comme Caton d’Utique, il s’est défenestré de la direction de l’Ecole de Journalisme de la RAI à Pérouse. Pas d’inquiétude, aucune corrélation : Socci est une personne humble. Mieux vaut démissionner que se faire seppuku comme Mishima. Ils lui ont peut-être fait une proposition qu’il ne pouvait pas refuser, mais la décision lui appartenait.
Bergoglio ne devrait même pas s’en préoccuper : ses critiques excommunient ses détracteurs, s’entre-déchirant comme des requins dans un évier. Seules les manifestations de désaccord autorisées par la gendarmerie vaticane, bien entendu. Dix participants selon les organisateurs, deux pour la Garde Suisse. Des juristes, des canonistes, des intellectuels remettent en cause le pape comme ils l’ont fait pour le vaccin ? Ils sont une minorité no-pape. Et ce sont, hélas, les mêmes compagnons de route qui déversent sur eux leurs charretées de rancœur.
Débarrassez-vous des racailles comme Viganò, Cionci, Minutella, et il ne reste que les précipités de preuves qui minent l’institution pétrinienne et l’Église catholique elle-même. Si le peintre peint votre maison avec du plastic et qu’avant de vous dire au revoir, il introduit un détonateur dans les murs en vous disant qu’il installe un réveil mural, le fait que vous le croyiez peintre ne changera rien à votre réveil.
La démission de BXVI et l’élection de Bergoglio ont soulevé un problème juridique monumental que les affaires très différentes de Viganò et de Cionci mettent en lumière. Il échappe aux phalangers que le droit lui-même – positif, naturel, canonique – est en train d’être bombardé et abattu en ces années malheureuses et brèves. Nous continuons à parler d’oignons pendant que Bergoglio se rend à Florence.
Le droit, par sa nature même, établit que la réalité existe et est intrinsèquement objective contre les caprices du sujet, même “s’il fût pape, s’il fût imperator”. Aujourd’hui, ce sont les caprices du sujet qui fabriquent la réalité qui convient le mieux à celui qui tient la barre. Et s’il envoie ensuite le bateau sur les rochers, nous nous en ferons une raison. Le droit canonique établit jusqu’où Cipputi est pape, pour que l’homme n’aille pas plus loin.
Gaudeaumus igitur, Viganò est excommunié. Cionci suivra, puis tous ceux qui posent des questions épineuses sur des sujets doctrinaux dont le troupeau et le berger se fichent éperdument. Les gens n’y comprennent rien et ne s’en prennent pas la calebasse. L’a-catholique argentin ne fait pas de prisonniers : il sert une vendetta bien glacée, frappant les enfants pendant qu’ils font caca.
La vérité est beaucoup, beaucoup trop al dente : Bergoglio n’est pas le pape ? Qui suis-je pour en juger ? Tout au plus, je m’abstiens non seulement des audiences, qui ne sont plus fréquentées que par des touristes en quête de selfie et des traîne-savates de nonnes anabolisées, mais je m’abstiens aussi du bégaiement mental logorrhéique du nôtre, qui se transforme en comte Mascetti pour ne pas parler du Christ. Je peux critiquer, mais pas tirer les ficelles.
Bergoglio excommunie l’Église. Réjouissez-vous, phalangers réunis, des nominations de boulets du Vatican et des attaques flagrantes contre les vérités de la foi, ainsi que des coups qu’il distribue miséricordieusement. Si la qualité des arguments est celle de Zenone, à l’ombre des cyprès et dans les urnes, le sommeil de la mort paraîtra moins dur à Bergoglio.
Il ne s’agit pas de questions de droit, mais de questions de revers. Nous aussi avons notre part de responsabilité, réparties comme les pièces d’un puzzle.
Ce qu’il faut, c’est changer de paradigme : juger Bergoglio non pas en fonction du porteur intangible de la tradition, c’est-à-dire en fonction du sujet juridique et théologique “pape”, mais en fonction de lui-même. Il n’est pas seulement un antipape : il est aussi un antifrançois. Ou pire encore.
*Animal semi-fantastique : il existe un phalanger en sucre ( petauro dello zucchero en italien), pas un phalanger en chocolat. Mais puisqu’il existe un phalanger en sucre qui se sent être un phalanger en chocolat, ainsi le phalanger en chocolat existe. Qui sommes-nous pour juger un phalanger en quête de chocolat ?
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Categoria: Generale
Félicitations à notre Mastro Titta, qui tient une forme olympique et nous délivre ici l’un de ses meilleurs billets !
L’article aurait aussi bien pu s’intituler ‘Lapalissades et tautologies’.
Les partisans de ‘François’ n’ont que la ‘force des évidences’, c’est à dire celle de l’entourloupe à opposer aux arguments de ceux qui lui opposent son illégitimité.
Une illégitimité qui se traduit inévitablement par l’absence de l’Esprit-Saint et des fruits de plus en plus épouvantables.
Dessert ou petit-déjeuner, chers bergogliens, régalez-vous !
Mais surtout réveillez-vous du cauchemar que vous faites vivre aux fidèles catholiques en soutenant le mythe de l’homme en blanc.
Style littéraire un peu difficile à comprendre, mais qui permet quand même de dégager l’essentiel : si on veut justifier Monseigneur Vigano dans ses choix récents, pourquoi refuserait-on de justifier tout autant André Cionci d’autant plus que, dans son choix, il reste fidèle au pape Benoît XVI et à l’Église régulière institue par le Seigneur Jésus-Christ sur Pierre et ses sucesseurs légitime.