Le suicide de la Compagnie de Jésus. Essai-Dénonciation du Recteur de l’Université Catholique de l’Uruguay.
28 Maggio 2024
Marco Tosatti
Chers amis et ennemis de Stilum Curiae, nous soumettons à votre attention cet article publié par CNA, que nous remercions pour sa courtoisie. L’article est basé sur l’étude “ENSAYO. AD USUM NOSTRORUM III. (A propósito de la 71ª Congregación deProcuradores). Bonne lecture et bonne diffusion. La traduction est de L.L. que nous remercions chalereusement.
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Le P. Julio Fernández Techera, prêtre jésuite et recteur de l’Université Catholique d’Uruguay, a écrit un essai critique sur la Compagnie de Jésus qui a été largement diffusé et met en garde contre le “déclin profond” de l’ordre fondé par saint Ignace de Loyola en 1534.
S’intitulant “Ad Usum Nostrorum III”, l’essai de ce prêtre de 57 ans s’adresse à ses frères jésuites. Le document, initialement diffusé au sein de la Compagnie de Jésus, a été récemment publié par le journaliste espagnol Francisco José Fernández de la Cigoña sur son blog Infovaticana.
Il s’agit du troisième document d’une série que Fernández a commencée en 2022 lorsqu’il a écrit son premier essai (“Ad Usum Nostrorum”), notant qu’il se sentait depuis longtemps insatisfait de la situation dans la Compagnie de Jésus, bien qu’il ait précisé qu’il ne traversait pas de crise vocationnelle et qu’il n’envisageait pas de la quitter.
Il publie son deuxième essai un an plus tard, en avril 2023. Dans ce texte, il exprime sa gratitude pour les nombreuses réponses qu’il a reçues, y compris de la part de jeunes jésuites, et aussi de la part de certains qui n’étaient pas d’accord avec lui, mais qui le remerciaient de leur avoir donné l’occasion de discuter et de proposer une révision de l’ordonnance.
Le troisième essai de Fernández porte la date du 22 avril. Le nouveau texte a pour sous-titre “Quelques considérations sur le ‘De Statu Societatis 2023’ (‘Sur l’état de la Compagnie 2023’)”, en référence au rapport général produit par le supérieur général de la Compagnie de Jésus, en l’occurrence le prêtre vénézuélien Arturo Sosa, en collaboration avec les procurateurs (qui évaluent l’état de l’ordre), qui se sont réunis en mai de l’année dernière à Loyola, en Espagne.
“La Compagnie vit des situations très préoccupantes qui ne semblent pas avoir été abordées par la Congrégation des Procureurs et qui n’apparaissent pas clairement et ne sont pas reprises dans le rapport ‘De Statu’. Pour en donner quelques exemples, en décembre 2022, nous avons appris ce qu’un jésuite italien a appelé le ‘tsunami Rupnik'”, note Fernández dans son essai.
Marko Rupnik est un prêtre expulsé de la Compagnie de Jésus en 2023 – accusé en 2018 d’avoir commis de graves abus sexuels, spirituels et psychologiques sur au moins 20 femmes dans la communauté de Loyola qu’il a cofondée en Slovénie – et qui continue d’apparaître comme jésuite et consultant du Vatican dans l’Annuaire pontifical de 2024.
Fernández évoque ensuite le “scandale” des abus sexuels sur mineurs “commis par certains jésuites en Bolivie, et la présumée dissimulation par certains provinciaux accusés par le ministère public de ce pays. Nous avons dû nous informer par voie de presse et nous n’avons pas reçu une seule déclaration ou lettre de la Curie Généralice expliquant ce qui s’était passé ou demandant des prières pour la province de Bolivie”.
Le principal jésuite accusé dans cette affaire est feu Alfonso Pedrajas, connu sous le nom de “Père Pica”, qui a tenu un journal sur les abus sexuels commis sur plus de 80 mineurs en Bolivie, au Pérou et en Équateur.
Fernández souligne dans son dernier essai que “d’autres questions urgentes qui n’ont pas été abordées avec clarté et vigueur sont : la diminution du nombre d’entrées dans la Société, qui s’aggrave chaque année en Occident, ainsi que le nombre élevé de membres qui quittent l’ordre”.
“Récemment, un ami m’a dit que 72 novices étaient entrés dans sa province au cours des dix dernières années. Au cours de la même période, le nombre de jésuites qui ont quitté la Compagnie dans sa province a été de 71″, a-t-il déclaré, ajoutant qu'”en 2023, il y a eu entrées de 314 novices dans l’ensemble de la Compagnie et 319 décès”.
Le prêtre note également qu’il y a actuellement 13 995 jésuites dans le monde et déplore que “dans quelques années, la Compagnie disparaîtra de plusieurs pays européens et deviendra insignifiante dans d’autres pays d’Europe, d’Amérique et d’Océanie”. La seule croissance est en Afrique. En 2013, il y avait plus de 17 200 jésuites, ce qui signifie qu’en un peu plus de 10 ans, la Compagnie de Jésus a perdu plus de 3 000 membres.
Pour le prêtre uruguayen, “le problème n’est pas seulement que tant de gens meurent et que si peu entrent, mais aussi que nous ne savons pas comment retenir beaucoup de ceux qui entrent”.
“La raison pour laquelle nous n’avons pas de vocations n’est pas la société sécularisée, les changements d’époque et mille autres excuses. La raison est que ces conditions de notre temps nous ont intimidés, nous submergent et que nous ne savons pas comment répondre aux défis d’aujourd’hui avec l’élan et la créativité d’hier”, souligne-t-il.
Selon Fernández, la vision du rapport général sur la Compagnie de Jésus “pourrait parfaitement être la vision du monde d’un think tank laïc lié à un parti politique de gauche ou à une ONG [organisation non gouvernementale] progressiste”.
“On ne trouve dans cette [évaluation]” aucune des perspectives surnaturelles ou transcendantes que l’on pourrait attendre d’un ordre religieux, apostolique et sacerdotal, déplore-t-il.
“Il y a de nombreux signes dans la vie actuelle des ministères jésuites, dans les documents qui sont publiés et dans les directives qui sont données, qui donnent l’impression que nous sommes dans une ONG et non dans un ordre religieux”, souligne Fernández.
Pour Fernández, la Compagnie de Jésus “est en profond déclin. Elle ne le sait pas, ou ne veut pas le savoir, ce qui revient au même. Elle veut croire que c’est la situation de toutes les autres réalités de l’Église qui l’entourent et que, par conséquent, elle est ce qu’elle devrait être”.
Selon lui, les dirigeants de la société “craignent que s’ils s’adressent clairement à l’ensemble de l’ordre, ses membres souffrent et se découragent”. Les dirigeants “préfèrent maintenir la fiction que les choses vont bien plutôt que de risquer de reconnaître le déclin religieux et apostolique de la société”.
Concernant le rapport général 2023 des Jésuites, Fernández souligne que “tout au long de ce long document de plus de 24.000 mots, le mot “prêtre” n’apparaît jamais et seulement deux fois “sacerdoce”, ne serait-ce que pour faire une référence distincte entre le sacerdoce dans la société et le sacerdoce diocésain”.
“Je pense que notre attitude est suicidaire : nous voulons des vocations au sacerdoce dans la société, mais nous ne voulons pas parler d’être prêtres”, souligne-t-il.
Vers la fin de l’essai, Fernández rappelle que les jésuites “ont un charisme merveilleux et nécessaire pour l’Église, un charisme religieux, apostolique et sacerdotal. Nous devons le récupérer et le vivre avec passion, audace et générosité”.
“Pour y parvenir, nous devons parler plus librement, exprimer clairement ce que nous vivons et pensons, et cesser d’être politiquement corrects”.
En conclusion, le P. Fernández prie Dieu de “nous accorder en ce temps une espérance vivante de croire que si nous nous remettons entre ses mains et que nous sommes fidèles, nous pouvons encore nous relever et rendre à nouveau un grand service à son Église”.
ACI Prensa, le partenaire journalistique de CNA en langue espagnole, a contacté la Curie Générale des Jésuites à Rome pour demander des impressions sur l’essai de Fernandez. Au moment de la publication de cet article, aucune réponse n’a été reçue.
Dans un article publié en mars 2022, feu le cardinal George Pell, sous le pseudonyme de Demos, suggérait de mener une visite apostolique ou une enquête sur la Compagnie de Jésus.
La dernière enquête sur les Jésuites remonte au début des années 1980. À l’époque, le pape Jean-Paul II était intervenu personnellement dans la gouvernance de la Compagnie en démettant le père Pedro Arrupe de sa charge de supérieur général.
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Categoria: Generale
En tant que neveu de deux grands jésuites et ancien élève des jésuites, je suis épouvanté par ce qui se passe au sein de la Compagnie.
Non seulement une majorité de jésuites sont ‘passés à l’ennemi’, c’est à dire la vulgate mondialo-maçonnique, non seulement ils ont protégé activement ou passivement des prédateurs notoires, comme le P. Rupnik, mais en plus ils participent directement à la prise de pouvoir et à la dérive au sein de l’église catholique avec la secte entourant Jose Mario Bergoglio, l’antipape actuel, qui était (soi-disant) des leurs et n’aurait jamais du devenir cardinal.
Prions pour que les jésuites authentiques (il en reste encore) restés fidèles à l’esprit de leurs fondateurs puissent réagir vigoureusement, comme le fait ici le P. Techera, contre cette spirale d’autodestruction.
Il en va de la survie de l’église catholique fidèle à la foi reçue des apôtres.